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La représentation

Ce que l’on voit nous construit. Je sais que je suis bi / pan peut-être bien, je sais que j’aime les gens. Je voudrais tomber amoureux·se encore mais la vérité c’est que je ne sais pas comment. J’ai toujours ce schéma idiot en tête : celui où la jeune femme désespère et va de galères en galères, quand, tout à coup, un beau jour, de manière parfaitement inattendue pour elle sauf pour le reste du monde, un beau et jeune chevalier arrive et l’emmène dans le tourbillon de l’amour, du mariage et des enfants. En dehors de ça, qu’est-ce qu’on nous propose ? Est-ce que les représentations incluent des familles aimantes et détraquées, ou malsaines, pauvres ou absentes ? Est-ce qu’il faut être orphelin·e pour apprécier sa belle-famille forcément ouverte et sympa ? Faut-il apprécier la décoration de noël traditionnelle rouge et verte pour pouvoir vivre ce genre de scénario ? Quand rencontre-t-on le parfait amour ? Le soir du 24 quand tous les miracles sont permis ? Où m’attend celui qui changera ma vie ? Est-il déjà en train de m’attendre au rayon des eaux plates dans le supermarché ? Prêt à m’aider à soulever les 8kg de flotte et les mettre dans mon caddie ? Ou alors se trouve-t-il déjà sur le parking, armé de son parapluie pour venir m’abriter alors que la bruine ruinera mon brushing pendant que je range les courses ? Dans ces plans là on ne voit jamais que l’héroïne prend de l’eau au magnésium pour faire passer sa constipation, ou pour aller plus souvent à la selle afin de perdre ses deux kilos en trop qui l’obsèdent ; on ne voit pas non plus le merdier dans la voiture, les taches suspectes sur les sièges laissées par la transpiration des dessous de fesses en été, ou les tonnes de papiers de bonbecs enfilés en secret et à toute vitesse qui sont entassés dans le vide poche. Quand on boit de l’eau en quantité phénoménale pour se purger, quand on ingurgite des quantités impressionnantes de bouffe pour se remplir, on a l’impression que ce genre d’histoire ne peut pas nous arriver. On se cache et on cache cette partie de nous au monde. Quelle vision de l’amour peut-on avoir si pour le mériter on doit oblitérer une partie de nous même, ou si aucune vision ne cadre avec celle à laquelle on aspire ? Quand verrons-nous un gay obèse tomber amoureux d’un gay mince et noir, quand verrons-nous une femme trans être demandée en mariage après 1 an de relation seulement par son petit-ami ciswhite, sûr et certain d’avoir trouvé l’amour de sa vie ? Quand les lesbiennes seront-elles féminines et / ou butch sans clichés, quand les gays seront-ils virils et/ ou exubérants sans clichés, quand les personnes racisées vivront-elles des histoires d’amour simples, qui ne sont pas toujours liées aux « problèmes » soulevés par leurs origines, leur culture, leurs traditions ? Ne peut-on pas voir tout de suite ce que l’on espère ? Des familles qui font de leur mieux sans qu’aucune menace de ne plus jamais revenir au bercail ne plane ? Les scénaristes de nos téléfilms et de nos vies ne pourraient-ils pas s’accorder ? Montrez le réel et sublimez-le, pour que nous ayons envie que cela nous arrive à nous aussi, pas pour rêver à la vie des autres au point de nous mutiler l’âme pour y accéder. Écrivez des histoires vraies, la réalité pourrait vous surprendre.

Ma réalité c’est de ne plus espérer pour l’instant, et pourtant une sale petite voix me répète « c’est justement quand on espère plus que ça nous tombe dessus » et c’est exactement pour ça que je la déteste ! Elle me redonne une vague sorte de flamme à entretenir, la perspective aussi que la vie n’est réussie que si on la partage. Or pour les fêtes je serai seul·e. Sans trop d’ami·e·s, en mal d’amour, avec mon chien, mon ordi et mes livres, et pas malheureux·se pour autant !

Et vous, vous faites quoi pour les fêtes ?

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